Dysfonctionnements de la téléconduite sur le canal du Nord

Voies navigables de France met progressivement en service depuis mai 2018 six nouveaux postes de téléconduite pour gérer douze écluses sur le canal du Nord entre Moislains et Pont l'Evêque.

La Chambre nationale de la batellerie artisanale tient à alerter de la dangerosité que représente la télégestion sur le canal du Nord et des dysfonctionnements récurrents qui l'affectent.

En effet, depuis la reprise de la navigation au début du mois de mai 2018, après plus d'un mois de chômage afin d'équiper lesdites écluses de la téléconduite, les bateliers empruntant ce réseau nous informent régulièrement de dysfonctionnements du système et d'incidents dus à la télégestion. Des accidents graves ont pu être évités grâce à la vigilance des navigants ; les éclusiers, basés dans un centre de contrôle, n'ayant plus de vue extérieure directe sur l'éclusage.

Plusieurs incidents et accidents se sont toutefois produits depuis la réouverture à la navigation du canal du Nord (fermeture prématurée d'une porte éclusière, vannes d'écluses défectueuses : ouverture des vannes alors que la porte éclusière n'était pas totalement fermée, etc.), sans possibilité d'arrêter rapidement le cycle de sassement.

Ces incidents répétés entraînent des interruptions de la navigation - parfois à plusieurs reprises au cours d'une même semaine - et ont une incidence sur la durée des trajets fluviaux et les délais d'acheminement des marchandises auprès des clients, qui pourraient à terme se détourner de la voie d'eau.

Tous ces éléments contribuent à ce que la télégestion soit très mal perçue par les transporteurs fluviaux car, à cejour , elle n'est pas source de fluidification de la navigation fluviale, comme annoncé par le gestionnaire du réseau, mais génère au contraire des goulets d'étranglements aux écluses, dangereux pour la sécurité de la navigation.

Par ailleurs, la phonie aux écluses est de très mauvaise qualité : la communication s'avère inaudible autant pour les usagers que pour les éclusiers, ce qui implique pour les mariniers d'appeler les écluses avec leur téléphone mobile.

Au total, ces dysfonctionnements sur cet itinéraire démontrent que cette technologie est mal maîtrisée, que sa fiabilité est insuffisante et qu'elle peut même s'avérer dangereuse. À ce titre, la CNBA regrette que les demandes formulées par les professionnels navigants, au premier rang desquels les bateliers, lors des commissions locales des usagers organisées par vos services, n'aient été davantage prises en considération.

Ces incidents sont en outre néfastes à l 'image du transport fluvial et de son réseau auprès des chargeurs, logisticiens et clients finaux.

Aussi, la CNBA en appelle à une fiabilisation urgente du dispositif de téléconduite afin d'apporter aux usagers du canal du Nord un niveau de service et de sécurité de la navigation fluviale optimal.

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